Grande question métaphysique : La truite dans le viseur et l'optique du moucheur voit-elle les couleurs ?
L'OEIL DE LA TRUITE
Aujourd'hui je vais vous parler de l’oeil de la truite.Je dois vous avouer que l'envie d'écrire cet
article m'est venu après une discussion passionnante entre passionnés autour de la table après un
coup du soir. Je vais parler de la vision des truites avec j'ose dire un oeil de moucheur !
Parce que que quand je suis à la pêche, même si je sais que je ne sais rien ou presque, je passe
presque tout le temps, à essayer de voir ce qu'elles gobent.
La première constatation empirique c'est que les yeux et le cerveau de la truite ne sont pas les
miens et que, ce qui me semble évident, ne l'est pas pour ces animaux mystérieux que sont les
poissons. Comme le disait Halford il est difficile de savoir ce que « voit »réellement la truite.
La deuxième constatation c'est que comme nous parlons de vision, les conditions de lumière sont un
des facteurs qui me paraissent plus important que beaucoup d'autres facteurs.
Enfin dernier point c'est que le comportement de la truite est également lié à une « énergie » à la
fois interne et sensible à l'environnement.Ce qui en termes plus clairs veut dire qu'il y a sans aucun
doute une part irrationnelle et mystérieuse dans le comportement alimentaire de la truite qui gobe et
dans les mécanismes visuels qui le déterminent.
Bien que scientifique de formation, je vous avoue que pendant mes longues études l'optique ne
m'avait jamais beaucoup passionné. Et c'est pour cela que j'ai fait appel à certains spécialistes. Qui
m'ont avoué que la science très complexe de la vision des poissons et des truites en particulier
n'était pas encore totalement au point !
Du coup j'ai fait comme tout le monde maintenant, je suis allé surfer sur le web !
Erreur fatale !
Comme d'habitude il est possible de trouver tout et son contraire en deux pages de Google !
Donc je ne sais toujours pas si la truite voit les couleurs, si elle voit par eaux troubles, si elle est
myope ou hypermétrope, et si elle est effrayée par les reflets du vernis d'une canne et en même
temps attirée par le vernis d'une mouche ou d'une nymphe. Les expériences de laboratoires sont
intéressantes, mais ce sont des expériences de laboratoire ! Et il me paraît logique de penser qu'il est
difficile d'extrapoler des conclusions définitives sur des résultats indiscutables, mais qui ne sont pas
prouvés « in vivo »
Car en fait mon but est, en quelques lignes, de vous montrer à quel niveau nous en sommes
actuellement, pour nous pauvres pêcheurs, de connaissances sur un plan pratique. Je ne vous
parlerais pas trop ici de la vision « théorique »,mais plutôt de connaissances in vivo.
Je suis désolé vraiment je voulais éviter de tomber dans le piège du pédant scientifique, mais je suis
quand même obligé d'y passer.
Tout ce qui est italique et de couleur a été recopié sur le web ou dans des livres et revues.
COMMENT VOIT LA TRUITE ?
Donc pour commencer un peu d'anatomie et d'optique
Champ visuel
Les yeux du poisson ne possèdent pas de paupières, ils sont placés latéralement ce qui leur
confère très large champ de vision de 330°: le poisson voit quasiment tout autour de lui grâce à un
double champ visuel :
*Champ monoculaire: chaque oeil peut observer latéralement une demi sphère, soit
180° (150° vers l'avant pour l'homme) et le poisson peut donc percevoir les image de deux objets
différents,situés de part et d'autre de la tête(!) que le cerveau a la capacité d'analyser toutes deux
simultanément.. L'oeil peut voir aussi un objet assez éloigné (de près de 15 mètres) en fonction de
la clarté de l'eau. Cette vision monoculaire "en deux dimensions " ne permet pas d'apprécier le
relief, l'épaisseur ni la profondeur ou la distance de l'objet détecté, mais est très sensible à ses
mouvements!
*Champ binoculaire étroit restreint à 30° de largeur par chevauchement de 30° des 2 demi
sphères des champs monoculaires vers l'avant et vers le haut, mais cette vision envisagée et
schématisée "in vitro" est bien difficile à objectiver, notamment en hauteur, "in vivo", elle
représente pourtant la fenêtre favorite pour l'attaque qui permet au poisson de percevoir
simultanément par les deux yeux et un même objet avec netteté à une distance variant de 10 à 60
centimètres.
Ceci permet une excellente capacité à saisir une proie.
Premièrement, l'attention est attirée dans son large champ monoculaire par le mouvement de la
proie dont la vitesse de déplacement est capitale pour être vue, ensuite se précisent sa forme et sa
couleur et il peut se déplacer alors pour la capter dans son cône binoculaire et en préciser les détails,
la distance et le volume pour éventuellement, la gober !
Mais la truite a aussi un angle mort de 30°, rançon du chevauchement vers l'avant,qui subsiste vers
l'arrière si le poisson est totalement immobile, mais le mouvement déplace cet angle mort et
le poisson qui bouge peut être difficile à approcher même par l'arrière.
Cette mécanique visuelle est le résultat d'une adaptation remarquable pour sa survie.
Réflexion et réfraction:
Encore un tout petit peu d'optique pour expliquer pourquoi du fait de la position des ses yeux et du
milieu dans le quel elle vit la truite nous voit d'une certaine manière.
Lorsqu'un rayon lumineux arrive obliquement sur la surface de séparation entre 2 milieux
transparents, une partie subit une réflexion, le reste pénètre et subit une réfraction. Ce qui permet
d'expliquer pourquoi quand nous plongeons un bâton dans l'eau il paraît coudé. C'est l'indice de
réfraction qui est une mesure de densité optique. Je vous fais grâce des données plus précises et plus
académiques, mais en pratique il faut retenir que le champ de vision des truites est à la fois quasi
parfait, pour son milieu aquatique et en même temps du fait de la différence de densité entre l'air et
l'eau, imparfait, car la truite ne peut pas voir derrière elle et ne peut pas voir au dessus d'elle selon
un angle variable en fonction de la profondeur où elle se tient. Il vaut mieux aborder le poisson par
l'arrière pour profiter , s'il est immobile, de l'angle mort "relatif" de 30° de son champ visuel vers
l'arrière.
En wading, par contre, à partir du moment où, à 5 mètres du poisson, (même devant lui!) vous êtes
immergé jusqu'aux cuisses, soit environ 1 mètre, vos 75centimètres qui dépassent à la surface de
l'eau sont totalement dans l'angle aveugle pour un poisson posté à 80cm de fond, et à fortiori plus
près de la surface..par contre n'oubliez pas que le poisson sous l'eau est "chez lui" et peut voir
jusqu'à 15 mètres..... et nous avons vu que le poisson voit beaucoup mieux les objets en
mouvements que ceux immobiles.
Perception ondulatoire
Mais la vision et la perception des mouvements des proies sont aussi une affaire de modifications
de pression (n'oublions pas que nous sommes dans l'eau).La perception d'une proie en mouvement
est aussi perçue par un organe qui s'appelle la ligne latérale. Ce merveilleux appareil sensoriel
permet aux poissons et à la truite en particulier de « voir » un vairon qui se déplace derrière un
rocher, simplement par le mouvement et les modifications de pression. Donc en fait la truite voit
grâce à ses yeux et son système nerveux , mais elle voit aussi en percevant des vibrations grâce à la
ligne latérale. Et j'en suis certain, car en 50 ans de pêche à la mouche, j'ai pu le constater mille fois,
les truites sont capables de voir sans lumière et par eaux troubles, par un mécanisme de perception
des ondes et des vibrations.
Nous verrons plus loin que la structure microscopique de la rétine est plus adaptée à une vision des
objets qui bougent dans l'eau que une proie immobile.
Nous avons tous le souvenir de truites qui ne prennent que les mouches qui bougent !
Ou qui s'enfuient à toutes nageoires quand nous bougeons un pied !
Ou qui gobent dans le noir des gros sedges qui eux aussi sont noirs !
LA TRUITE DISTINGUE-T-ELLE LES COULEURS ?
Alors là nous touchons du doigt un sujet qui n'a pas fini de faire couler beaucoup d'encre !
« La réponse est, indubitablement oui. Les expériences à l'aide d'implantations d'électrodes conduites
dans différents laboratoires à travers le monde l'ont prouvé. La truite est capable de distinguer non
seulement les couleurs elles-mêmes, mais encore les différentes nuances d'une même couleur.»
«Halford doute que la truite puisse voir les couleurs, par acquis de conscience, il conseille d’imiter celles
de l’insecte vivant.»
« Alfred Ronalds a étudié la vision de la truite, notamment ses champs de vision. Pour la perception des
couleurs, il préfère s’abstenir, mais conseille de choisir un matériel de montage se rapprochant des
couleurs naturelles»
J'arrête évidemment de citer les auteurs anciens et pour être plus moderne je ne vais parler que des
notions récentes.
ANATOMIE DE LA RETINE DES TRUITES
La truite voit les couleurs ou en tout cas,est équipée pour les voir car l'étude de son anatomie
oculaire permet de dire que sa rétine comme la notre est composée de cônes et de bâtonnets (nom
scientifique donné aux cellules photo-réceptrices, transmettant un influx nerveux jusqu'au cerveau).
Les bâtonnets sont là pour capter et transmettre l'intensité lumineuse et les cônes sont spécifiques de
la vision des couleurs.
Les cônes sont répartis sur toute la surface de la rétine de la truite avec une concentration plus forte
sur la partie correspondant à la vision en haut et en avant de la tête.
Par ailleurs l'absence de paupières a été compensée par une capacité pour le moins curieuse de la
rétine de la truite en particulier, mais de la plupart des poissons en général. Sous l'effet de la lumière
les cellules rétiniennes nobles se déplacent.
Une couche de cellules pigmentaires remplies de mélanine recouvre la rétine et la protège d'autant
que le poisson n'a pas d'iris pour diaphragmer. Ce mouvement rétino-moteur observé chez le
poisson comme chez certains oiseaux renforce cette protection :
*si l'intensité lumineuse est forte(1), les bâtonnets de la rétine migrent en profondeur vers cette
couche pigmentaire très opaque, et les cônes restés dans le plan focal, permettent d'obtenir une
image mieux définie;
* en condition de faible éclairement(2), le mouvement s'inverse, et les faibles changements
d'intensité sont alors perceptibles en noir et blanc grâce aux bâtonnets qui viennent en avant pour
recevoir toute la lumière disponible . Ce mécanisme, bien documenté sur le plan scientifique,
permet de mieux comprendre pourquoi les truites arrivent à « voir » par très faible
luminosité,simplement par un mécanisme d'adaptation à l'intensité lumineuse externe.
Les cônes s'enfoncent dans la rétine dans des conditions de faible luminosité
Et remontent en surface si l'intensité lumineuse augmente alors que les bâtonnets font l'inverse
Les cônes permettent de différencier les couleurs QUI en tant que telles « n’existent pas » dans le monde
réel : elles ne sont qu’une interprétation cérébrale des vibrations lumineuses perçues par les organes
visuels. et la vision des couleurs par les poissons est maintenant démontrée. Chose peu étonnante
lorsque l'on sait que bon nombre d'entre eux communique par des codes couleurs lors de parades
nuptiales ou d'intimidation devant un assaillant par exemple.
Chez la truite,nous trouvons quatre types de cônes :
- cône « rouge », avec un pic à 600 nm (nanomètres)
- cône vert, avec un pic à 535 nm, le même que nous
- cône bleu, avec un pic à 440 nm, le même que nous
- cône « ultra violet » à 355 nm
Juste un petit détail les cônes sont des « récepteurs » qui captent les ondes (vibrations) qui
composent le spectre de la lumière et se propagent dans l'eau. Mais ces mêmes ondes sont
également captées par la ligne latérale qui nous le savons maintenant est équipée de capteurs
spécifiques des ondes courtes.
Juste un petit tableau pour rappel
Le spectre de la lumière
Couleur Longueur d'onde (nm) Fréquence (THz)
Rouge d'environ 625 à 740 d'environ 405 à 480
Orange d'environ 590 à 625 d'environ 480 à 510
Jaune d'environ 565 à 590 d'environ 510 à 530
Vert d'environ 520 à 565 d'environ 530 à 580
Ces cellules permettent théoriquement à la truite de voir en plus des couleurs fondamentales
classiques les couleurs dont le spectre se situe dans l'ultraviolet. En fait nous devrions dire
l'ultranoir. Ceci est totalement abstrait.
Ce qui est important à comprendre c'est que personne à ce jour n'a publié une étude sérieuse
permettant de prouver que l'aire corticale visuelle du cerveau de la truite fonctionne comme la
nôtre ! Et pour cause les seuls et uniques moyens que nous avons pour essayer de comprendre ce
que voit réellement la truite est l'étude de son comportement par rapport à un stimulus visuel.
Ne comptez pas sur moi pour faire des révélations fracassantes, qui seraient au mieux des
élucubrations de vieux pêcheur un jour d'automne en Aragon.
Ce que disent à peu près tous les scientifiques est bien la preuve de ce que j'avance.
Quand vous plantez des électrodes dans le cerveau de la truite pour essayer de mesurer la
différence de potentiel émise par le cerveau devant un panneau de couleur rouge en bassin de
laboratoire vous êtes assez loin de la réalité du torrent de montagne. Mais comme dans toutes
expériences de laboratoires il faut savoir en tirer les conclusions pratiques sinon nous ne serions
jamais allés sur la lune !
L'étude anatomique de la rétine et la répartition des cônes nous permet par contre de comprendre les
refus de dernière minute, quand la truite monte sur la mouche et qu'elle voit enfin de près, sa
couleur qui ne lui convient pas. Ou sa forme .Ou le bas de ligne. Ou le pêcheur. Ou son odeur.
Car et c'est en cela que nous n'avons pas fini d'en discuter,d'autres éléments rentrent en jeu dans le
comportement lié à la vision.
La couleur que la truite reconnaît le plus facilement est le rouge. Par ordre décroissant, viennent ensuite
l'orange et le jaune. Le vert et le bleu sont les couleurs les moins reconnaissables pour la truite.
En laboratoire bien sûr ! C'est ce genre d'affirmation qui fait que je n'ai aucune raison de croire les
scientifiques !
Dans la réalité il me paraît évident que si la truite voit les couleurs, je suis bien incapable d'affirmer
qu'elle voit les mêmes couleurs que moi. Par contre ce dont je suis sur c'est qu'elle sait faire des
différences. En particulier dans le choix des couleurs quand elle prend des mouches artificielles.
Cinquante ans de pratiques et autant de lectures assidues sur la vision des truites valent une
expérience de laboratoire, mais ne sont pas autre chose que de l'empirisme. Donc nous nous
retrouvons dans un domaine philosophique et irrationnel. Avançons un peu... Avec les scientifiques
D'autres expériences, conduites au États-Unis à l'aide de caméras placées sous l'eau, ont mis en
évidence d'une manière indubitable certains faits très intéressants que nombres d'entre nous ont pu
constater au cours de leurs sorties, mais de manière empirique. Elles ont en particulier montré comment
les truites pouvaient voir les flashes lumineux que produisaient les cannes recouvertes de vernis brillant
au cours de leur action par différents types de luminosité, et le réflexe de prudence qu'ils engendraient
chez les truites.
Là nous sommes toujours en laboratoire, certes mais un peu plus proches de la réalité halieutique.
Les truites sont effrayées par les reflets des vernis de la canne.
Puis leurs réactions totalement différentes, allant de l'agacement passager à l'indifférence totale, au
cours des mêmes expériences, mais conduites avec des cannes recouvertes de vernis mat, provoquant
peu ou pas de flashes.
Ce qui finalement correspond à une réalité bien connue des pêcheurs, l'homme et en particulier
l'homo erectus halieuticus est considéré par la truite comme un prédateur potentiel quand il émet
des reflets.Mais pas que....
Je me demande quel est le sponsor de cette étude ! Sûrement un fabricant de cannes de couleur mat.
Par curiosité j'ai feuilleté les catalogues pour essayer de trouver une canne à mouche, dont le
revêtement ne produirait pas de reflets.... Aucune indication, évidente.
Mais par contre si l'on regarde les nouveautés je suis frappé par les couleurs des cannes.Et je ne
vous parle pas des soies !
Au milieu du gué il faut maintenant faire une pause et tirer les premières conclusions.
L’oeil de la truite lui permet de bien voir et de voir probablement à la fois beaucoup mieux , mais
également de manière différente que nous, en faisant intervenir un élément vibratoire (ondulatoire)
qui nous manque. L’oeil d'une truite en fait n'est qu'un des organes sensoriels qui va permettre de
déclencher un comportement et finalement ce que nous pouvons dire c'est que la science pour
l'instant nous permet d'expliquer des phénomènes qui nous paraissent évidents :
la truite est un animal craintif qui a peur de l'homme et de sa canne vernie, et qui voit des couleurs
que nous ne voyons pas.
Mais qu'en est il de la question fondamentale ? Y a t il une couleur magique qui pourrait déclencher
la prise d'une truite ?
Avant de tenter de répondre à cette question nous devons rapidement vous donner quelques conseils
pratiques :
+Supprimez les objets brillants, tout ce qui peut réfléchir des éclairs lumineux en direction du
poisson, et les cannes mates sont préférables aux vernis "flambant neuf", Henri Bresson, le Sorcier
de Vesoul qui vivait à l'époque de la vente de ses truites avait même peint ses cannes en vert foncé
mat.
+Évitez les mouvements inutiles, car c'est le mouvement qui attire en premier l'attention du poisson,
+Évitez les couleurs vives,le rouge en particulier en vous habillant de façon générale en "neutre",
(beige, vert..toutes couleurs très représentées dans la nature).
+Si vous pêchez du bord faites vous le plus petit possible, accroupi ou à genoux, reculez si possible
sur la berge pour vous éloigner au maximum du poisson et augmenter la hauteur de la zone
aveugle.Si vous êtes en wading pensez à fouetter plutôt à l'horizontale qu'à la verticale, et ce
d'autant que le poisson est plus profond et plus proche en rivière étroite !Bon comme je vous l'avez
dit rien de révolutionnaire... !
Pour finir en beauté je vais vous parler d'un sujet qui me tiens à coeur
La mouche magique est elle une utopie ?
Encore un peu de science
Le phénomène de fluorescence est basé sur l'absorption de la lumière par une molécule. Quelle que soit
la longueur d'onde du rayonnement incident, une molécule excitée revient spontanément dans son état
fondamental par différentes voies de désexcitation. Une de ces voies est la fluorescence
La fluorescence est donc la propriété qu’a un matériau d’absorber de l’énergie lumineuse et de la
restituer dans une longueur d’onde différente, spontanément.
La longueur d'onde de fluorescence ne dépend pas de la longueur d'excitation. La longueur d'onde de
fluorescence est légèrement supérieure à la longueur d'onde d'absorption puisqu'il y a eu perte d'énergie
par désexcitation vibrationnelle (à la base de l'effet Raman). C'est ce qui est appelé déplacement de
Stokes.
Heureusement qu'il y a la science ! Pour pouvoir parler de désexcitation vibrationnelle !
Dans la vie courante, nous connaissons ce phénomène via les panneaux d’affichage colorés et les
populations militantes révoltées par les injustices sociales(gilets jaunes).....
Dans la plupart des cas, le matériau absorbe l’énergie du rayonnement UV et le restitue sous une
autre longueur d’onde, dans la majorité des cas une longueur d’onde plus longue (niveau d’énergie
plus faible) et en conséquence située dans le spectre visible.
Faites l’expérience d’illuminer un objet « fluo » avec une lampe UV (395nm ou inférieur) et votre
objet va devenir très lumineux.
Pourquoi parler de la fluorescence ? Simplement parce qu’on vient de définir qu’un matériau est
capable d’absorber des UV (invisibles à l’oeil) pour les transformer en lumière visible très intense.
En gros, même si on a l’impression d’être dans le noir, puisque notre oeil ne perçoit pas la lumière
UV, soudainement un objet peut devenir très brillant par fluorescence, sans avoir reçu la moindre
lumière visible. Vous savez, comme dans les boîtes de nuit ou dans le « train fantôme » ou votre tshirt
s’illumine sous l’effet d’un de ces lampes appelées « lumière noire » qu’on perçoit à peine.
Voyez-vous où je veux en venir ? Non ?
En 2003 les premières publications venues des USA et du Canada, nous ont donnée de grands
espoirs. Ce qui va suivre est en grande partie extrait de la revue québecoise Sentier Chasse Pêche.
Nous devons ne pas perdre de vue qu notre objectif est de trouver la mouche magique qui sera pour
nous la mouche miracle, mais pas forcément la mouche « fluo»!
C'est surtout dans des conditions de faible luminosité et en particulier en fin de journée qu'il peut
être intéressant d’utiliser des mouches qui seront plus visibles pour nous et espérons le pour la
truite.
Les jours de temps maussade ou en soirée après un beau coucher de soleil rougeâtre, les taux d’UV
parvenant au sol par diffusion atmosphérique ne sont pas négligeables. D’ailleurs, quand le soleil se
couche, la lumière blafarde bleuâtre nous donne un bon indice : la haute atmosphère continue de
diffuser les courtes longueurs d’onde et les UV (fortement énergétiques) alors que les longueurs
d’onde plus longues (rouge-infrarouges) sont complètement absorbées. Il paraît alors logique
d'utiliser des mouches faites avec des matériaux fluorescents. Elles seront plus visibles! Faisons
donc une petite expérience!
Nous allons monter deux mouches identiques mais l'une d'entre elles contient des matériaux
fluorescents. Ce que nous voyons est édifiant dans des conditions de faible luminosité certains
matériaux permettent de « restituer» des couleurs que notre oeil ne peut pas percevoir sans ces
matériaux.
Deux mouches identiques, en apparence. Pourtant, éclairées aux UV (395nm), l’une d’elle prend un
tout autre aspect quand l’autre devient une ombre chinoise…
EURÊKA !!!! aurait dit Archimède.
Hélas trois fois hélas, nous avons oublié quelque chose...
L’oeil de la truite et sa rétine en particulier est doté d'un type de cônes permettant de percevoir les
rayonnements ultraviolets. La fameuse onde magique. Donc pour nos yeux le phénomène de la
fluorescence est intéressant mais pour une truite les mouches deviennent éblouissantes et en tout cas
très éloignées des mouches naturelles. Je ne saurais vous dire combien de mouches fluorescentes j'ai
monté. Le pic de ce délire a été atteint en 2004. Je ne pêchais plus que en fluorescence surtout au
coup du soir. Quand enfin je compris que mes mouches étaient plus proches de l'épouvantail que
d'un foie gras poêlé aux raisins, il était un peu tard ! Bien entendu vous l'avez compris, c'est une
figure de style littéraire je pêche rarement au fois gras...je pêche rarement à l'épouvantail non
plus!!! Il est vrai aussi qu'à l'époque je ne pêchais pas beaucoup.
J’avais lu qu’en cas de temps couvert ou même en soirée, il valait mieux utiliser des mouches
sombres. « Temps clair, mouche claire, temps sombre mouche sombre» disent certains. Je ne suis
pas entièrement d’accord avec cet adage même si celui-ci contient sa part de vérité.
Du coup que conclure ?
Et voilà que presque dix ans après, après avoir beaucoup beaucoup pêché, j'ai eu envie en guise de
conclusions de vous raconter une histoire de pêcheurs.
Fin août en Aragon un coup du soir,, au milieu d'une éclosion de mannes (Oligoneuriella
Rhenana ) phénoménale où nous avions pêché avec des mouches blanches, visibles à 20 mètres !
Les truites gobaient comme des folles et il y avait des gobages comme s'il en pleuvait!
Nous avons fait bredouille! Capot complet!
Franck monteur de génie, non pas seulement par sa dextérité manuelle, mais probablement parce
que ses yeux voient comme les truites, nous a monté alors des imitations ,non pas blanches mais
crème jaune très pâle.*
Le résultat ne s'est pas fait attendre et le lendemain soir...
La plus belle truite de la saison!
*Ceux qui connaissent un peu les écrits de Pierre Miramont se souviendront que les femelles de ces
grands éphémères blancs ont des oeufs de couleur jaune qui
« colorent en jaune les lèvres des truites gourmandes »!
ET VOILA c'est la fin il fait nuit et je n'y vois plus rien, et les truites continuent de gober,
j'entends les plafs, les ploufs et les plifs, alors je lance une dernière fois je ne sais pas pourquoi
je ferre mais au bout de mon fil un poisson sauvage est en train de se débattre et de lutter
pour m’échapper.Et bien sûr il va se décrocher , mais c'est sans importance, je suis seul dans
l'eau froide de la rivière, la nuit arrive et je suis bien....
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