Un peu d’histoire
La soie naturelle est issue vous le savez sans doute d’un cocon fabriqué par une chenille avant sa transformation en papillon le fameux Bombyx du Murier.
En Chine ce papillon et son cocon sont connus depuis la plus haute Antiquité. (Au moins trois mille ans!).
La fameuse Route de la Soie ne porte pas son nom pour rien!
Ces fameux fils de soie dont les secrets de production et de tissage étaient bien gardés ont permis à l’Empire du Milieu d’être pratiquement jusqu’à la Renaissance le seul producteur de tissu de soie.
Mais quand je parle de soie naturelle je vous parle du fil de soie qui sert à faire le tissu appelé «soie».
Par contre pour fabriquer autrefois les premières soies naturelles, pour la pêche il a fallut utiliser une machine appelée fileuse qui permettait d’obtenir un fil plus épais et plus solide que le fil issu du cocon. Ce fil magique servait à faire également des fils de suture pour la chirurgie. Aussi résistant que l’acier il craint beaucoup l’humidité et peut moisir assez facilement.
Après la Chine, l’Italie. et en particulier la Sardaigne et la Sicile, se spécialise avec l’Angleterre, dans la fabrication de l’organsin. Vous ne savez pas ce qu’est l’organsin?
Avant d’écrire cet article il me semblait avoir lu ce mot quelque part, mais ma mémoire (autrefois d’éléphant) n’étant plus performante je dus recourir à la magie d’internet. Et bien chers amis, l’organsin est en quelque sorte un cordonnet de soie grège qui est une des base de la réalisation d’étoffes de soies.
Gabriel Garcia Marquez en parle dans son fameux roman « Cent ans de Solitude ». Que je vous recommande surtout si vous ne connaissez pas le réalisme magique des Colombiens …..
Les Italiens pratiquaient le filage mécanique depuis le début du XVIIe siècle, et un certain John Lombe entre en jeu dans ce roman d’espionnage industriel. John qui était tisserand en Angleterre, fut envoyé par son frère pour observer les machines italiennes qui produisaient l'organsin, ce fameux fil de soie grège essentiel pour le tissage des soieries fines.
L'histoire raconte qu'il se fit embaucher dans l'un des ateliers italiens où étaient utilisées les mystérieuses machines à soie. Il y revint de nuit et les dessina soigneusement à la lumière de la bougie. Il rapporta ensuite les dessins avec lui en Angleterre, en 1716. Et ensuite ce brave John fut victime d’une femme douteuse,mystérieuse italienne qui lui fit boire un bouillon de 11 heures.Et il en mourut....Probable vengeance du Roi de Sardaigne.
Mais son frère aîné fit construire la fileuse et l’Angleterre put produire de la soie….
Mais revenons à nos moutons en l'occurence notre soie naturelle pour pêche à la mouche.
Il est difficile d’imaginer de nos jours le matériel de pêche de l’époque.La pêche de loisir et donc la pêche à la mouche se développe et sous l’influence de F.M. Halford en Angleterre une petite partie des gentlemen décident de pêcher a la mouche sèche, mais bien sur c’est presque mission impossible avec un crin de cheval ou une soie de Florence tressés de lancer une mouche. Alors…
........En 1880, MM Eaton et Deller, fabricants d’articles de pêche et de cordages,produisent les premières lignes en soie naturelle tressée avec une huile de lin bouillie pure. Appliqué sous pression par une pompe à air, une méthode dérivée des expériences effectuées par MM Deller et Hawkesley, sur la base des suggestions faites par FM Halford.
Les résultats sont suffisamment probants pour qu’en 1894, la firme Hardy présente le « Houghton DD ligne spéciale à la mouche sèche » de 35 mètres. En 1899, cette soie prit le nom de « Corona » elle est restée dans les catalogues jusqu'en 1969.
Si vous trouvez une soie Corona d’occasion ne la laissez pas passer... En 1908, P.D. Malloch de Perth a commencé à produire la plus célèbre de toutes les soies de pêche, la "Kingfisher". C’est à partir de cette soie que seront définies les premières normes de fabrications.
Les soies coniques Double Taper (DT), les soies Weight Forward (WF), et les soies parallèles (L). Chaque profil étant numéroté en fonction du poids des 9,41 derniers mètres de la soie,de 1 à 12 et d’une autre lettre (S coulante,F flottante ,I intermédiaire) en fonction de la capacité à flotter ou á couler.
C’est l’AFTMA (American Fishing Tackle Manufacturers Association) qui a uniformisé cette numérotation.
En France la firme Masson a produit les soies StopFish jusqu’en 1960,et pendant quelques années,petit à petit les soies synthétiques ont été les seules disponibles ou presque. Actuellement des artisans ont repris la production de soies naturelles et à ma connaissance cette production connaît un sucés croissant.
Que nous dit la science?
La densité des lignes à mouches en soie naturelle imprégnée est bien plus élevée que celle des soies en plastique de type flottant. Il en résulte que pour deux lignes de poids équivalent équilibrant une même canne , celle en soie naturelle, de diamètre beaucoup plus fin, fendra mieux l’air, se déroulera mieux (formera une boucle plus serrée) et « percera » mieux dans le vent, que celle en plastique. En effet, la flottaison des lignes modernes en matière plastique est obtenue par l’inclusion dans l’épaisseur de l’enrobage plastique de centaines, voire de milliers de microbulles d’air. Pour une soie d’un numéro supérieur à 6, cela n’est guère gênant. En revanche, pour les petits numéros de ligne et notamment ceux de plus en plus utilisés pour la pêche des truites difficiles ou surtout des ombres (soies n°2, 3, ou 4) le fabricant pour assurer la flottaison de la pointe, doit lui conserver un diamètre élevé permettant d’inclure suffisamment de bulles d’air.
Mais c’est surtout dans des conditions difficiles que les soies naturelles sont à leur avantage. En effet si vous essayez de pêcher contre le vent avec une soie plastique, vous allez avoir de grandes difficultés. Ce sera (un peu) plus facile avec une soie naturelle. Mais en plus de permettre une facilité dans le lancer, c’est essentiellement au moment de l’arraché que vous verrez la différence. Je me rends compte que je n’écris que pour des initiés…. Quant vous relevez votre soie en fin de dérive, ce fameux « arraché » vous permets de donner une énergie cinétique à votre ligne et donc facilite le nouveau lancer. Mais le problème avec les soies synthétiques c’est que du fait même de leur densité et de leurs qualités physiques, elles adhèrent à la surface de l’eau bien plus qu’une soie naturelle et génèrent un mouvement,une onde qui va faire souvent fuir tous les poissons à la ronde. Faites l’expérience si vous en avez le loisir. Bien sûr,il est toujours possible, par des gestes techniques de diminuer cet inconvénient.C’est le fameux « arraché roulé », qui fait décoller la soie , mais qui n’est pas toujours facile à réaliser.
Par contre il semble bien que actuellement la quasi totalité des pêcheurs anglo-saxons, et mème européens ne connaissent pas ou en tout cas n’utilisent pas ce type de ligne.Et il semble aussi que les utilisateurs de soie naturelle soient plus des pêcheurs d’un certain âge voire d’un âge certain !
Il est évident qu’une soie naturelle est peut être un plus chère qu’une soie en plastique et qu’elle nécessite un peu plus
d’entretien. Ceci explique peut être cela.....
Voyons maintenant comment se fabrique une soie naturelle.
Il faut d’abord une « âme »en soie naturelle tressée à partir du fil de soie du cocon et ensuite cette tresse est enduite avec un mélange d’huile végétale et de produits plus ou moins secrets selon les fabricants. Si la soie est parallèle la tresse est uniforme, il n’y a aucune différence d’épaisseur . Par contre pour pouvoir réaliser une DT ou une WF, il faudra épaissir le fuseau selon le profil recherché. L'opération démarre à partir de la soie grège qui est blanche à l'origine, importée le plus souvent de Chine, dont le fil ou bout fait 20/22 deniers (1 denier= 1g/9000m) , et dont plusieurs sont assemblés pour former l’âme qui sera teintée chez un moulinier,puis on assemble sur des canettes le nombre de fils en fonction de la soie à obtenir dans le respect de la norme (AFTMA).
Vient le tressage sur une tresseuse 16 fuseaux en variant le nombre de fils selon le profil à obtenir, plus pour le ventre,moins pour la pointe, inchangé pour une parallèle!
Après un dégraissage, puis une enduction pour imprégner la soie" à cœur" et faire barrage à l'entrée de l'eau vient une opération très importante le séchage à température régulée et hors poussière et le ponçage manuel et vernissage avant pesage suivant la norme AFTMA, Ce n’est qu’ensuite que l’on va graisser la soie et la conditionner pour l’envoyer aux marchands
L'intérêt du fil de soie réside dans son absence d'élasticité, sa résistance mécanique est égale à celle l'acier, mais c'est un fil à protéger car il n'aime pas l'eau…
On pourrait se demander pourquoi certains pêcheurs, dont je suis, préfèrent utiliser ce genre de lignes, plutôt que des soies synthétiques théoriquement plus performantes et nécessitant un minimum de soin. Je pense sincèrement que ce n’est pas du snobisme, ou non plus un attachement quasi rétrograde aux choses du passé.Je ne pèche pas en soie naturelle par nostalgie...Mais néanmoins le côté artisanal et manuel de la fabrication, mais aussi de son utilisation donne à ces soies un petit côté suranné qui n’est pas pour me déplaire. Pour nous déplaire, puisque le marketing on line permet de payer en trois fois sans frais, nous pouvons être modernes dans notre manière de consommer et archaïques dans le choix de notre ligne.
Soies du marché actuel
Soies Thébault Soies Chambord Soies Antonio Perez
Actuellement non disponibles.Je regrette un peu les soies Thébault qui m’ont donné toujours satisfaction.
Soies Terenzio (Italie):
Le fabricant italien Zandri Terenzio est devenu une référence quasi incontournable pour les pêcheurs à la mouche.Installé près de Rome dans le Sud de l’Italie, cet artisan fabrique depuis près de 30 ans des soies naturelles et synthétiques d’un très haut niveau technique. Il a acquis au fil des années une réputation de maître artisan dans la fabrication de soies aux caractéristiques et aux profils uniques en Europe.
Il a même réussi à créer une «soie» synthétique pour pêche à la nymphe au fil uniquement réservée aux pêcheurs à la nymphe qui aiment quand même pêcher avec une soie naturelle…..
En effet à ma connaissance c’est le seul fabricant à proposer une soie naturelle d’un diamètre et d’un poids qui permette de la classer dans le cadre des soies nº0…. Il s’agit de la soie Terenzio NAF 7/0
Ce qui me connaissent savent que je ne comprends pas que l’on puisse pêcher à la nymphe au fil avec une canne à mouche…..
Par contre le même fabricant propose une « vraie » soie naturelle qui se décline en plusieurs tailles allant de la DT 1 à la DT 7 ou de la WF2 à la WT7
Cette soie est idéale pour les pêches fines (sèche ou nymphe à vue), à moyenne, longue et très longue distance.
Sa stabilité en l'air est remarquable, elle facilite les pêches de précision à toute distance.
Son profil spécifique CT assure naturellement des présentations légères et extrêmement délicates.
Soies Naturelles Ver à Soie (Pêche à Soie):
Ces soies naturelles françaises sont réalisées selon un procédé de tissage traditionnel. L’injection et la polymérisation de l’huile et du vernis permet d’obtenir des lignes régulières à la flottaison parfaite. Le pré rodage mécanique effectué sur chacune de ces soies autorise une utilisation intensive dès les premières parties de pêche. La finesse et la flottaison haute de la soie naturelle minimise les dragages. Leur densité les rend faciles à lancer y compris dans des conditions difficiles. Il y a plusieurs profils de soies et chacun se décline en plusieurs numéros.
Le profil DT est le plus classique, et à l’avantage d’avoir une boucle à chaque extrémité,
Le profil de soie DTR comporte une pointe extra fine qui permet de faire des posés extrêmement discrets.
La DT CL (cône long) est ma préférée, elle pénètre l'air avec une grande facilité et comme les autres répond à la norme AFTMA, et permet des arrachés et des roulés magnifiques.
Depuis 1820, la société AU VER A SOIE ® produit de la Soie pour tous les usages. Fournisseur de la haute couture parisienne pour les caprices des dames, elle en conçut jusqu’au milieu du XXème siècle, pour les caprices aquatiques des plus fins pêcheurs.
L’avènement des polyesters et autres nylons sonna le glas du département pêche de la société. Mais l’histoire est un éternel recommencement et la PME française, qui a connu à ses commandes 5 générations de la même famille, fait aujourd’hui son grand retour dans le monde de la pêche.
AU VER A SOIE ® s’associe avec Michel RIGAULT, ancien conseiller technique de PEZON et MICHEL, pour relancer ses fils de pêche à la mouche 100 % naturels.
Produits écologiques, les soies de pêche AU VER A SOIE ® répondent parfaitement aux exigences des pêcheurs à la mouche tout en étant parfaitement développement durable.
Soies Phoenix:
Les soies naturelles PHOENIX sont réputées depuis de nombreuses années pour leur diamètre plus fin pour un même numéro en comparaison des soies synthétiques et leur plus grande souplesse. Ces avantages permettent une plus grande précision de poser de la mouche.
Les soies Phoenix à l’origine anglaises sont maintenant fabriquées en France.
Fabriquées à l'origine en Angleterre, dans le West Midlands par Noel Buxton. qui a revendu son entreprise à Mike Brookes venu s'installer en France
Plusieurs profils sont proposés : Parallèle, DT double et simple fuseau, WF, TT, saumon. Les soies sont toutes livrées avec une boîte de graisse spéciale. Elles peuvent être utilisées sur tous types de moulinet manuel ou semi-automatique.
Les soies de Lozère Michel SANDON
Une soie importée de Tunisie
Tisser la soie consiste à réaliser de façon artisanale le fil utilisé pour la pêche à la mouche. Auparavant, la soie, c’était du fil de soie de Chine tressé et enduit d’huile de lin ou de poix, aujourd’hui la soie de vers à soie est importée de Tunisie.
La soie, après cuisson, prend une couleur verte, elle est ensuite imprégnée selon une méthode propre à Michel Sandon, découpée ensuite en morceau de 17 à 25 mètres, tissée ensuite à l’aide d’un métier à tisser afin d’obtenir un fil de 25 brins à 10 brins. Ce fil de soie peut être projeté jusqu’à 30 mètres. Il va flotter sur l’eau selon la technique de la pêche au fouet. À son bout, une queue-de-rat en nylon fini l’ensemble de la ligne sur laquelle est positionnée une mouche ou nymphe.
Le prix d’une soie naturelle peut paraître élevé , mais en fait les soies synthétiques de bonne qualité sont quasiment au même prix. A titre de comparaison une Soie flottante Orvis Pro Trout Textured WF 3 est vendue 169,00 € et une Soie Pêche à soie DT3 Cône Long est à 172,00 €.
Conseils de graissage et d’entretien
Je ne résiste pas au plaisir de vous donner ce type de conseils . Ceux qui me connaissent savent bien que je ne fais jamais ça…..hélas….
Pour que votre soie naturelle vous donne entière satisfaction, je vous conseille :
1°) De la graisser avant son utilisation. Pour cela :
Mettez un peu de graisse sur votre pouce et l’index ou sur un tissu microfibres et frottez votre soie entre ces deux doigts.
2°) N’utilisez que la graisse livrée avec votre soie ( J’utilise personnellement de la graisse à traire voire de la vaseline)
3°) Après votre partie de pêche, faites sécher votre soie soit en l’essuyant soit en la lovant sur
une table.Vous trouverez mille et une manières de faire sécher la soie.Il existe des enrouleurs de soie
3º bis) Pensez également à faire sécher le backing sauf si comme moi vous utilisez un backing creux et non du Dacron.
4°) Ne laissez jamais traîner votre soie sur une surface dure comme du béton par exemple. Evitez de marcher sur votre soie.
À ce propos j’ai toujours beaucoup de mal à comprendre pourquoi en rivières à truites normales les pêcheurs utilisent des moulinets manuels et non pas des semi automatiques dont le principal avantage et d’éviter que la soie ne traîne par terre.
5°) Ne pas nettoyer votre soie avec un détergent.
Si vous respecter ces quelques conseils, la durée de vie de votre soie se trouvera rallongée de plusieurs années.
Maintenant, pour la nettoyer en fin de saison si cela vous parait nécessaire et l'hiverner ensuite.....ce n'est pas compliqué!!:
1/ Dans un bocal préparer 250cc d'eau chaude (45°) avec 20cc d'alcool à brûler et quelques gouttes de liquide vaisselle, pas plus...y plonger la soie un instant et bien secouer le bocal pendant 2 mn...., recommencer au besoin puis
2/ étendre la soie pour la bien faire sécher à l'air libre si possible, tendue entre deux arbres pour ceux qui ont de la place….
3/Une fois sèche, il faut la plonger dans un bain d'essence de térébinthe quelques minutes, .............le temps de faire fondre de la graisse d'oie ou de canard dans laquelle on rajoute deux cuillères à soupe d'huile de lin….
4/On immerge alors la soie bien essuyée dans le mélange chaud mais pas brûlant jusqu'à ce que la graisse fondue se fige en refroidissant
5/On la sort pour l'essuyer avec un papier absorbant pour enlever l'excédent de graisse et dans petit sac en tissu (sans la contraindre sur un enrouleur plus ou moins sophistiqué)..et on lui fait passer l'hiver à l'abri de la poussière et de la lumière...pour la retrouver comme neuve à l'ouverture suivante..!
Pour ceux que la graisse d'oie rebute, il est bien facile après le bain d'essence de térébenthine, et une fois la soie sèche, de la graisser plus simplement avec la graisse prévue pour et fournie par le fabricant.....ou de la simple vaseline!!
Annexes
* »Tandis qu’il massait avec des blancs d’œufs les seins érectiles d’Amaranta Ursula, ou adoucissait à l’huile de palme ses cuisses élastiques et la peau de pêche de son ventre, elle jouait à la poupée avec l’impressionnant zizi d’Aureliano, lui dessinait des yeux de clown avec du rouge à lèvres et des moustaches de turc au fusain à sourcils, et lui mettait des petites cravates d’organsin et des petits chapeaux en papier d’argent. »
— (Gabriel Garcia Marquez, Cent ans de solitude, 1967 traduit par Claude et Carmen Durand, 1968, Seuil, chapitre 20, page 449)
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