Voilà, c'est fini !
Heureusement que je ne pêche qu'à la mouche !
Nous sommes le 11 Novembre et je viens de finir de ranger le gîte, le matériel, et les waders !
Il me manque à ré organiser mon matériel de montage et ce sera terminé !
Alors voilà il faut tirer le bilan de cette saison, en tout cas il faut essayer de raconter un peu pour
transmettre aux autres passionnés et préparer le futur.
Ce que je peux dire c'est que cette année, a été pour le moins particulière
Tout le monde a compris que le changement climatique était une réalité, en particulier les pêcheurs.
En même temps tout le monde ou presque a compris que l'avenir de la pêche de loisir était dans les
mains des pratiquants et que les politiques et les dirigeants du monde de la gestion de l'eau et de la
pêche en particulier étaient complètement dépassés, non pas par incompétence ou mauvaise volonté,
mais simplement parce que personne réellement ne sait quel sera le futur.
Et que par conséquent à mon humble avis la préservation des conditions futures de la pêche en
rivière ne pourra passer que par une action individuelle de chaque pêcheur, car je ne crois plus du
tout à l'action collective associative ou encore moins à l'action politique.
Mais le plus important n'est pas là. Le plus important c'est que, pendant cette année noire au milieu
des pires conditions par manque d'eau et canicules à répétition, et bien ici en Aragon , les rivières
n'ont pas trop souffert, les truites ont plutôt bien résisté aux variations brutales de débit et de
température.
Pourquoi ?
Tout simplement parce que depuis 2018, les truites sauvages et autochtones ont complètement
recolonisé les rivières et que ces truites sont faites pour résister aux pires conditions. La gestion
espagnole est ce qu'elle est mais au moins nous avons la preuve que sans prélèvements (ou presque)
et avec un niveau de pollution très bas, les rivières peuvent produire et fabriquer beaucoup de
poissons, mais aussi beaucoup d'insectes. J'ai eu le plaisir cette année de rencontrer quelques
pêcheurs de tous horizons. Tous se sont plaints de l’absence de gobages réguliers sur les rivières
qu'ils avaient l'habitude de pêcher. Curieusement ici en Aragon s'il n'y a pas de gobages tout le
temps il y en a souvent.
Suffisamment en tout cas pour pouvoir prendre du plaisir en ne pêchant qu'en mouche sèche.
Et cela m'amène évidemment à vous parler de l'évolution de la pêche à la mouche.
Ou plutôt de ce qu'il en reste... !
J'ai la certitude en écrivant ces lignes d'être complètement et définitivement un dinosaure en voie de
disparition ou plus simplement un vieux couillon !
Pour moi la pêche à la mouche ne se conçoit que comme une philosophie un art et prétentieusement
un mode de vie. La pêche à la mouche n'est pas réservée à des « chapeaux à plume » qui ne parlent
qu'en termes ésotériques et mystérieux de leur passion. La pêche à la mouche c'est tout simplement
une manière d 'aller profiter de la nature et éventuellement pouvoir s'intégrer dans un écosystème
qui permet de leurrer un poisson qui gobe un insecte.
Ceci exclut toute notion de « rentabilité ».
Personnellement je ne suis pas un ayatollah de la mouche sèche et je n'ai absolument rien contre les
autres techniques de pêche. Chacun est libre heureusement de pratiquer la pêche de loisir et de
prendre son plaisir comme il le souhaite. La seule chose qui me gêne un peu c'est que probablement
par snobisme, beaucoup de pêcheurs préfèrent dire qu'ils pêchent à la mouche alors qu'ils pêchent à
la larve ou à la nymphe ou au leurres. Ou bien c'est parce que dans d'autres pays que la France seule
la pêche à la mouche est autorisée pour la pêche de la truite et qu'il est tentant de contourner la loi
pour pouvoir attraper plus de poissons...
Et c'est en cela que je reviens sur cette notion qui n'est pas élitiste, mais au contraire très moderne,la
pêche à la mouche c'est une philosophie un art, mais surtout pas une manière rentable de prendre du
poisson ! Nous ne sommes plus des pêcheurs chasseurs cueilleurs, préhistoriques.
De toutes façons dans peu de temps en Europe du Sud il ne sera plus possible de pêcher dans des
rivières naturelles tout simplement parce qu'il n'y aura plus d'eau ! Donc pour retarder si possible
l'échéance ne pêchons plus qu'à la mouche sèche et ne tuons plus une seule truite.